Lent : qui se fait dans un temps relativement long, par comparaison avec d’autres.
Qui est long à se faire, à se réaliser, à atteindre son but.
Vous allez nous dire que vous saviez déjà ce que signifiait le terme « lenteur » mais que vous ne voyez pas le rapport entre la nutrition ou l’alimentation et la lenteur ?
Justement… il n’y en a peut-être pas assez. Entendez par là qu’on n’est peut-être pas suffisamment lent pour se nourrir…
En effet, « on mange en 4ème vitesse », « on avale un truc vite fait », « on mange sur le pouce » , « on se goinfre rapidement », « on dévore à
toute vitesse », « on gobe », « on engloutit » (sans parler des fast-food) alors qu’on pourrait prendre notre temps pour manger, déguster, savourer, apprécier, se
délecter…
Et pourquoi serait-il intéressant d’inverser la tendance ?
Il y a 2 principales raisons à ça (oui… on ne dit pas ça juste pour vous ennuyer : il y a de vraies raisons !)
La première raison est physiologique.
Le comportement alimentaire est régulé par le système nerveux central, par voie nerveuse et par voie hormonale.
Dans la période de prise alimentaire, on va distinguer 3 phases :
- une phase préingestive : vous commencez à avoir faim
- une phase prandiale : vous êtes en train de manger et progressivement vous allez être rassasié.
- une phase postprandiale : vous avez suffisamment mangé. Vous êtes en période de digestion.
Durant ces 3 périodes (donc en clair souvent…), votre cerveau envoie des signaux à votre organisme.
Le premier signal est le signal de la faim… Votre ventre gargouille, votre bouche est sèche ou au contraire vous salivez beaucoup, vous avez une sensation de ventre vide… Vous avez
faim !
A ce moment, rien qu’ la vue d’un aliment ou à son odeur, ou même sa pensée… vous allez commencer à saliver… Imaginez votre plat préféré… Est-ce que vous ne salivez pas rien qu’à l’idée ?
Cette salive, c’est votre cerveau qui a commandé à vos glandes salivaires de la sécréter… Il est fort…
Et votre cerveau ne se contente pas d’agir sur vos glandes salivaires… il agit sur tout votre tube digestif et sur toutes les enzymes (qui vont permettre de « casser » les nutriments
que vous mangez) et hormones.
Ce sont ces dernières qui vont nous intéresser plus particulièrement.
Parmi ces hormones, certaines vont avoir pour rôle particulier de vous faire cesser de manger.
Pour faire rapide (oui c’est vrai on se contredit…) et ne pas perdre trop de lecteurs, on trouve :
- la leptine synthétisée par les cellules adipeuses (les cellules du « gras ») qui est anorexigène et qui va avoir une influence sur la prise alimentaire plutôt à long terme.
- et la cholécystokinine (CCK) et le peptide YY sécrétés par les cellules de l’intestin grêle et du colon lorsque celui-ci reçoit des aliments .
Les deux dernières substances sont sécrétées après l’arrivée des aliments dans l’intestin. Il faut donc déjà un peu de temps avant leur sécrétion et encore un peu de temps pour qu’elles
agissent…
Donc, si j’engloutis mon repas en « moins de 5 », il est fort probable que ces hormones n’aient pas le temps d’arriver et d’agir. Du coup, ma prise alimentaire ne sera pas aussi
finement régulée : je n’ai pas laissé le temps à mon organisme de dire à mon cerveau qu’il avait eu son compte…
Selon les sources, on parle d’un laps de temps entre 15 et 30 minutes pour leur laisser le temps d’agir… Vous en tirerez les conclusions qui s’imposent !
Bien sûr, on ne peut pas résumer la sensation de satiété à ces quelques hormones… D’autres mécanismes entrent en jeu mais là on va définitivement perdre tout le monde si on détaille
trop !
La deuxième raison est beaucoup plus hédoniste et beaucoup moins terre à terre.
La prise alimentaire est également très liée à la recherche de plaisir… Si je mange sans plaisir je risque de rester sur ma faim et de continuer à manger parce qu’il manque une composante à ma
prise alimentaire…
Que faut-il conclure de ça ? Qu’il est important de chronométrer ses repas afin d’être sûr de laisser à tout le monde le temps de se mettre en place et de remplir son rôle ?
En fait non… Parfois, on n’a pas tellement d’autre choix que celui de manger en 4ème vitesse…
Alors la conclusion sera la suivante : je me donne comme intention de me sentir le mieux possible pendant et après le repas, et je sais que la personne la mieux placée pour ressentir mes
sensations alimentaires… c’est moi… Alors j’essaie de me faire confiance et de croire en mes capacités à réguler mon appétit et ma façon de manger moi-même !
Karine Creyx, Eve Roudière
Diététiciennes Nutritionnistes
Sources
:
http://www.utc.fr/~gamet/Pr%C3%A9s_Digestion2013.pdf
http://campus.cerimes.fr/nutrition/enseignement/nutrition_12/site/html/3.html
http://www.cerin.org/actualite-scientifique/manger-moins-vite-manger-moins-oui-d-apres-cette-meta-analyse.html
http://campus.cerimes.fr/nutrition/enseignement/nutrition_12/site/html/cours.pdf
https://etudes.univ-rennes1.fr/digitalAssets/39/39587_M_Guinard_VLcorrige.pdf
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